• Incandescence //// Fulgurance

    d'après une expo « Croiser des mondes » Jeu de Paume Paris</strong /></strong /> 2005  

    (...) Quand on fait une image du monde réel, on reconstruit un certain état des choses, on isole, on cadre, on produit une sorte de simulacre partiel et discontinu dont les éléments seront ensuite agencés d'une certaine manière. A tout instant, dans toute expérience vécue et dans toute représentation, des mondes différents s'entrecroisent. On peut tenter d'en nommer certains: l'instant présent et la réminiscence; le concret d'une sensation et la conscience que l'on a de la transformer; la singularité d'une expérience et le sentiment d'appartenance à un ordre plus vaste...(...)

    Lexique : les « mots glissants » de Georges Bataille  (...) Ce travail passe d'abord par l'emploi d'un certain lexique. Il faut à la langue de l'excès « des mots qui réintroduisent- en un point - le souverain silence qu'interrompt le langage articulé. » (Méthode de méditation), soit des « mots glissants » qui, n'ayant pas de sens fixe ou limité, portent le langage au-delà de lui-même de sorte que « ce qui compte n'est plus l'énoncé du vent, c'est le vent » (L'expérience intérieure). Ce lexique de l'excès se compose moins de ces mots obscènes qu'on qualifie de gros que de mots littéralement énormes du point de vue de leur sens. Tels sont les mots comme l'« impossible » ou la « souveraineté » qui, dans les textes théoriques, formaient des notions ouvertes propres à penser l'excès et qu'on retrouve dans tous les récits, lestés d'une puissante charge de réalisme. </strong /></strong />

    Sens : les fulgurances Pour témoigner de l'aveuglement du narrateur, l'écriture fait passer l'éclair dans la langue : ce sont les fulgurances, expressions sans pareil et radicalement étrangères, formules ramassées, brutes et coupantes, temps forts et lignes de crête du discours où se résout et s'annule, dans une épiphanie foudroyante, le sens du récit. Sans commune mesure avec la pointe de la rhétorique classique des maximes, brillant trait d'esprit visant à susciter la réflexion du lecteur, la fulgurance désigne un point d'évanouissement du langage et de la pensée et ne laisse subsister qu'une image ou une émotion violente, comme ces deux comparaisons, tirées de L'impossible : « La vie s'étire en moi comme un chant modulé dans la gorge d'un soprano » ; « La nudité n'est que la mort et les plus tendres baisers ont un arrière-goût de rat ». Souvent suivie d'un espace blanc ou de points de suspension, la fulgurance fait travailler le silence et l'imaginaire à même le langage qui se voit ainsi contraint, même quand il lui manque, d'accompagner fidèlement la violence.

    Source : http://www.adpf.asso.fr/adpf-publi/folio/bataille/furor3.html


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