• Paris un été trop chaud... Une de ces visites à Beaubourg pour rechercher un peu de fraicheur et qui, de manière inattendue au détour d'une expo à la mode, vous donne envie d'écrire. Parce que cette période là, on en a des clés, celle de notre adolescence... Alors pourquoi ne pas s'autoriser un petit jeu de critique, une chronique maison, comme pour de vrai ...? Los Angeles sur Seine, une naissance !
    Los Angeles 1955 / 1985 : le fruit de ses meilleures années de création artistique, une scène foisonnante, complexe et protéiforme. Le Centre Pompidou nous fait vivre en 350 œuvres, jusqu'à mi juillet, l'avènement d'une nouvelle capitale artistique de l'art contemporain.

    Promenade urbaine Cette période de la vie de la cote ouest reste encore méconnue. Un parcours à travers 17 galeries, une scénographie reconstituant le quadrillage topographique de la ville, nous mettent dans la peau d'un piéton vagabondant à son rythme à la découverte de ces milieux expérimentaux ignorés, loin des sentiers de gloire d'Hollywood et Disneyland. . Imaginons cet espace découpé en zones , frontières urbaines fictives de plexiglas, comme pour circuler de quartiers en quartiers dans cette « ville-monde » incroyablement riche et fertile !

    Un Art en liberté Une large sélection de peintures, sculptures, installations, photos, films, et vidéos organisés chronologiquement par courants esthétiques, nous amène à porter un regard neuf sur l'histoire de cette génération de jeunes artistes si proches de nous. Issus des mouvements underground, des communautés ethniques, ils s'affirmaient alors comme une alternative à la scène new-yorkaise si souvent mise en avant.

    Récupérations dans les poubelles pour les assemblages de Kienholz, Pop Art de Rusha explorant le quotidien urbain, « L.A Look » ou « Finish Fetish » oeuvres minimalistes aux surfaces colorées et réfléchissantes, inspirées des planches de surf, travail sur la perception dans les sculptures du mouvement « Light and Space », art conceptuel de Baldessari et usines pour le mouvement « Art&Technologie » ...

    A travers la métamorphose permanente d' une ville toujours réinventée, le portrait de communautés qui coexistent plus qu'elles ne se mélangent, 85 artistes aux formes artistiques les plus éclectiques, on est là en mesure de sentir combien ces créateurs ont su se libérer des règles

    Tout fait Art  Ce détournement des canons esthétiques, des formes, des matériaux traditionnels nous éloigne de l'industrie du rêve pour les masses que fabriquait jusqu'alors la Californie. On perçoit mieux l'univers et l'impact de ces artistes à la marge recherchant librement d'autres possibles.

    Piscines
    Quand David Hockney, artiste anglais de renommée mondiale, arrive à Los Angeles en 1964, il est immédiatement surpris par la lumière, le modernisme et l'artificialité cool de cette métropole. Dans la série « Swimming Pools », son motif « Op'art » de lignes traduisant l'effet hypnotique de la surface de l'eau le rend célèbre. Comme d'autres artistes du Pop Art, il s'intéresse au prosaïsme et à l'esthétique de la culture populaire.

    Art féministe Rachel Rosenthal, icône de ce mouvement , interroge la notion de l'inauthenticité dans un film et une série de photographies où elle dit qu'elle provoque « une douleur presque musculaire ».

    Performances La performance se développe à Los Angeles devenant un mode de création privilégié. La dimension sociale et interactive des débuts laisse place vers 1970 à des formes très spectaculaires, parfois très violentes. Chris Burden, symbole de la performance trash, se fait carrément tirer dessus à la carabine ou s'allonge pendant 22 jours sans bouger quand il ne se fait pas crucifier sur une voiture.

    Minorités Au même moment, le Collectif Asco recrée de fausses guerres de gangs pour stigmatiser la vision négative qu'ont les « Angelenos » de la communauté hispanophone.

    Les sources d'inspiration sont fortes, dérangeantes : guerre au Vietnam, critiques de la société consumériste, revendications de groupes minoritaires. Ces artistes sont en colère. Ils explorent l'ordinaire, fabriquant la contre-culture des années 70. Cette exposition nous fait entrevoir en un moment fort l'émergence, la mutation et la reconnaissance d'une nouvelle zone d'art.


    L'émotion que suscite une naissance ne laisse jamais personne tout à fait indemne.


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