• " Le fait d'habiter Shanghai joue beaucoup. Une grisaille brumeuse, des rumeurs oppressantes ainsi que cet éternel sentiment de supériorité que nous cultivons planent continuellement sur la ville..."

    Nous avancons lentement vers le Bund.  Un vrai coin de paradis. Puis nous grimpons sur le toit de l'hôtel de la Paix... Du toit, nous contemplons les buildings illuminés sur les rives du Huangpu. La Perle de l'Orient, notre fierté appelée "la première tour d'Asie" et qui n'est autre qu'un long pénis d'acier pointé vers les cieux, une preuve évidente du culte que voue cette cité à la reproduction...

    Les ferry-boats, les vaguelettes, les sombres pelouses, les néons aveuglants et les constructions mirobolantes. Tout un luxe ostentatoire issu de la civilisation matérielle, stimulant dont une ville se repait. Les individus, eux, ne sont pas concernés. Ils peuvent perdre la vie dans un accident de voiture ou à cause d'une sale maladie, l'ombre luxuriante et invincible de la ville resistera comme l'infinie circonvolution des planètes."

    Extrait de " Shanghai Baby" roman  de Weihui - Picquier poche (1999)
    Ce roman, interdit, saisi et pilloné dans son pays bouscule hardiment les tabous et souffle un vent nouveau et provocateur en Chine. Pour décor, Shanghai et le goût de ses nuits. Pour moteur, le désir de faire entendre sa voix au rythme original, une écriture jonglant avec poésie occidentale et chanteurs pop. «Dans mon époustouflant roman, je révélerai le véritable visage de l'humanité, sa violence, son raffinement, son érotisme, son exaltation et puis ses énigmes, ses machines, son pouvoir et sa mort.» L'aveu de Coco, l'héroïne de Shanghai Baby, est un programme en soi. 
    En dépit de la censure, ce texte trouve aujourd'hui d'innombrables lecteurs, Weihui devenue un véritable phénomène national. Aucun écrivain n'a depuis longtemps provoqué un tel remue-ménage en Chine.

     Zhou Weihui est née en 1973 à Shanghai. Diplômée de littérature de l'Université de Fudan à Shanghai, elle publie, à 27 ans à peine, "Shanghai Baby" qui lui vaudra les foudres du gouvernement chinois.
    Faisant partie, avec Mian Mian auteur de "Les bonbons chinois", de la génération des Meinu Zouji  qui "n'hésite pas à aborder avec une grande liberté les sujets jadis tabous, notamment la sexualité", elle vit aujourd'hui aux Etats-Unis.

    Shanghai est une des places fortes de l'art contemporain en Chine. Hormis ces deux "écrivaines" célèbres, de nombreuses galeries qui se trouvent souvent dans des endroits insolites et surprenants de la ville. 

    En pédalant le long de Suzhou Creek, on arrive sur la petite Moganshan Lu  Au numéro 50, d'anciennes usines de farine ont été reconverties en ateliers-galeries d'artistes.http://www.creekart.org

    L'endroit est  calme. Ce premier centre d'art contemporain de Chine découvre et promeut les nouveaux aspects artistiques du pays et de l'étranger. En fait, BizArt est le premier espace privé de Chine où l'installation, les nouveaux arts et la musique techno se trouvent réunis dans un processus de développement. BizArt, un mot qui combine « business » et « art », intégre ces deux approches tout en les gardant indépendantes.  www.biz-art.com

    On retrouve également à Moganshan la galerie phare de l'art contemporain chinois, ShanghART, fondée par la Suisse Lorenz Helbling à Fuxing Park. http://www.shanghartgallery.com/galleryarchive/

    Le centre d'art Island6 est installé dans une ancienne usine de farine bâtie au début du 19ème siècle. Elle fut par la suite transformée en entrepôt et elle abrite aujourd'hui une galerie d'art moderne. Explorer les dernières tendances de l'art contemporain et créer des échanges entre les artistes asiatiques et européens. http://www.island6.org/

    Loin de Shanghai, Pékin n'est pas en reste. Un bon aperçu, à travers la photographie exposée aux Rencontres d'Arles 2007 évoquant la production du quartier artistique de Dashanzi , connu sous le nom de 798. Créé en 2002 à l'initiative de quelques artistes visionnaires qui désiraient réaliser une plate-forme de création et d'expositions ouverte au public, une enclave située dans d'anciennes usines de style Bauhaus au nord-est de Pékin est apparue comme un phénomène sans précédent en Chine depuis 4 ans. 798 s'est révélé comme un site de réflexion et de dialogues sur la société chinoise. Vicitime de la merchandisation et des enjeux mercantiles de la spéculation sur les terrains, la sauvegarde du lieu n'est pas assurée. Des artistes commencent même à en être expulsées.

    http://french.china.org.cn/culture/archives/dashanzi/node_7011618.htm

    http://www.rencontres-arles.com/index.php/groupe/fr/3

     


     


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