• L'art dans le travail, le travail dans l'art

    Trois jours partagés à interroger la place de l'art dans le monde du travail et les représentations du monde du travail dans le champs artistique aves les Cassandre.

    Restituer les quelques images mentales et vagabondes surgies de cette immersion, un rapide jeu de photo-montages à chaud voir album  , comme pour rendre aux mots leur dû, juste des sensations, des questionnements et des doutes, et surtout un désir de ne pas cesser de chercher encore plus loin...

    Cassandre, pourquoi ? Parce que Cassandre est un personnage de la tragédie grecque, mère de notre théâtre...

    parce que Cassandre est celle qui annonce l'avenir et que personne ne croit... ! N.C.

    mailto: cassandre@horschamp.org                   http://horschamp.org/

    Depuis plus de deux ans, Cassandre/HORSCHAMP est installé avec la revue et le pôle-ressources art/société à la Cité européenne des Récollets, au couvent du même nom dans le Xème arrondissement de Paris, où son équipe a mené et mène des actions passionnantes.

    De ces trois jours, le souvenir amusé d'une intrusion dans l'entre-soi : la présence imperturbable et glissante d'un mec d'Accés Local, l'art au service de la grande entreprise, sorte de "réparateur multi-services", armé d'une "boite à outils fonctionnelle et décalée", objet utilitaire né dans une friche de copulations collectives. Pathétique Faust post-moderne, il nous a fait la démonstration navrante et salutaire de ce que peut devenir un artiste en travailleur. Pourtant, plus sérieusement, il nous oblige surtout à réinterroger l'endroit où l'on se place face à l'argent dans l'art. Jusqu'où faut-il aller face à la nécessité de survivre  ?

    "Histoire du Docteur Faust : le fameux magicien et maître de l'art ténébreux, comme il se vendit au diable pour un temps marqué, quelles furent, pendant ce temps-là, les étranges aventures dont il fut témoin ou qu'il réalisa et pratiqua lui-même, jusqu'à ce qu'enfin il reçut sa récompense bien méritée. Recueillie surtout de ses propres écrits qu'il a laissés comme un terrible exemple et une utile leçon à tous les hommes arrogants, insolents et athées."


    votre commentaire
  • Quand la question est : l'artiste en travailleur ?

    Face à la souffrance ordinaire du monde, on est AVEC. On est pas des Naturalistes ! Faire en sorte que quelque chose advienne ! çà a quelque chose à voir avec çà l'art : une traversée consciente, active et radicale !

    "C'est en effet que l'art brut, la sauvagerie, la liberté, ne doivent pas se concevoir comme des lieux, ni surtout des lieux fixes, mais comme des directions, des aspirations, des tendances. En suite de quoi deux différents marcheurs peuvent bien se trouver par occasion dans un même lieu sans qu'il y ait pour cela raison d'assimiler leurs positions, dès lors que les directions dans lesquelles ils marchent sont opposées. "

    Jean Dubuffet Asphyxiante Culture (J.J. Pauvert 1968, p. 112)


    votre commentaire
  • Quand les questions sont : quelles sont aujourd'hui nos représentations du monde du travail ? et le monde ouvrier ? et le rôle de l'art dans ces représentations ?

    Comme dire le monde de tous... ! Travail, emploi, profession,souffrance, conflit,affrontement, çà fait l'existence...!

    Fragment d'un monde inconnu

    François Bon, novembre 2005 ,notre quatrième rencontre avec le groupe d'apprentis mécaniciens du Cifap Pantin.

    Extrait : (...) Ce sera une séance magique, parce que les garçons ont pris leurs marques dans la bibliothèque. Chacun s'installe à la table de la fois précédente, ils se sont répartis dans tout l'espace, et c'est pour nous déjà un acquis : on est seul ou avec deux ou trois copains, mais on respecte l'espace et le temps de l'autre.

     Et tout le monde écrira. Avec Pierre-Jean Mazel et Marie-Pierre Dégéa, qui coordonne ma résidence côté bibliothèque, nous passons parmi les groupes, et relayons les phrases écrites par les compléments parlés.

     Il y a par exemple le fait de ne rien posséder : on va dehors.

    Il y a les coins refuge : la chambre, ou ce garage dont on a la clé.

    Il y a les symboliques qu'il nous appartient de faire émerger via la lange pour rétablir ce lien de la langue et du réel. Il ne nous appartient pas de décider que ces symboles sont la carte bleue, le téléphone portable ou la Playstation. Ce qui est de notre responsabilité, c'est de partager avec eux ce qu'apporte la langue quand elle nomme, et d'abord cette reconnaissance symbolique.

    Et paradoxe éternel de l'atelier : on travaille sur les objets, il y a une contrainte formelle précise, mais maintenant que la confiance est établie l'écriture recueille bien au-delà. Elle accueille ce qu'on porte de souffrance, qui est lié intimement au parcours scolaire et ce qui vous a mené là, elle porte ces phrases inimaginables et de syntaxe très précise : « jamais été assez tendre » et le rôle ici décalé de l'adverbe.

    Moi j'y apprends autre chose : un monde invisible. Le monde inaccessible. Le monde qui se superpose au nôtre et que nous n'avons pas encore appris à reconnaître. Et tant que ces mondes se superposent sans que la langue les relie l'un à l'autre, la friction sera violente. Ainsi ces rituels établis dans toutes les villes du pays, les brefs « runs » sur les parkings de supermarché, rituel d'affrontement ancestral, et reprise de possession du territoire éclaté de la ville. Le retour de la mosquée, quand il n'y a plus de bus ou que le reste de la ville fait la fête. Les fêtes technos et la pression que mettent sur vous les revendeurs de marchandises illicites, auxquels on résiste.

    Aujourd'hui, nous savons pourquoi nous sommes ici, eux comme nous, ensemble.

    F. Bon 19/11/05 ( extraits : les textes bien sûr sont anonymes )

    http://www.tierslivre.net/


    votre commentaire
  • Quand le dernier jour, à l'Espace Khiasma, on se demande si les mutations actuelles n'ont pas ôté au travail même ses capacités à faire sens ? si l'art peut encore contribuer au renouvellement de ce sens ?

    http://www.khiasma.net/espacekhiasma.html

    Une émotion intense, la réminiscence de ces lieux d'abandon de soi pour qui a connu la neutralité lisse des tours de la Défense, à la fin du film de Jean-Marc Moutout " Violence des échanges en milieu tempéré" (2004)

    Une lucidité sereine et réaliste à l'écoute des mots d' Eric Pagès, auteur de " Petites natures mortes au travail". Pour conclure juste un tout petit extrait d'une ITW donnée à Périphéries en avril 2000.

    « Violence des échanges en milieu tempéré » : naissance d'un coupeur de têtes" un article de Jean-Pierre Jeancolas dans POLITIS

    Le premier film de Jean-Marc Moutout s'en prend avec une belle efficacité aux habits neufs du capitalisme et à cette logique que le Medef dit « entrepreneuriale ». Le titre intrigue : Violence des échanges en milieu tempéré. Il faut prendre « échanges » à son sens premier, il n'est question, dans ce premier film de Jean-Marc Moutout, que de facteurs économiques, du libre-échange tel que le capitalisme naissant l'a érigé en valeur cultuelle. Le titre n'en intrigue pas moins, par le mélange détonnant créé par la rencontre du premier mot (le substantif « violence ») avec le dernier (l'adjectif « tempéré »), l'articulation passant par la notion ambiguë de milieu, qui peut désigner un centre, un environnement géographique ou écologique, ou encore un groupe humain marginal, régi par sa propre loi, la célèbre « loi du Milieu ».

    Violence des échanges trouve sa place au coeur d'un genre qui s'installe discrètement dans le cinéma français, dont la matière est le monde (le milieu ?) de l'entreprise. Rien à voir avec le film d'entreprise, catégorie qui existe depuis un demi-siècle et qui rassemble des films techniques ou documentaires produits par une grosse boîte (type Shell ou Péchiney) pour la plus grande gloire de cette boîte. Rien à voir non plus avec le film de lutte de classes. Les enjeux (dont le prolétariat a toutes les chances de faire les frais) se situent ici à l'intérieur des structures de décision, dans le monde des cadres et des patrons, voire dans l'espace quasi abstrait des multinationales. On se souvient, dans l'ordre de leur apparition, d'Extension du domaine de la lutte, en 1999 (adaptation lourde du premier roman de Houellebecq par Philippe Harel), et surtout des deux grands films de Laurent Cantet, Ressources humaines, en 2000, et l'Emploi du temps, en 2001. Vu sous un autre angle, Violence des échanges est aussi une sorte de roman d'initiation : un jeune, un mentor, un statut social à conquérir. (...)

    Comme la pièce de titane (est-ce bien du titane ?), le film est pensé, tourné et monté avec une précision documentaire. Le travail des salariés existe, le travail du consultant existe, et le second travail est la destruction annoncée du premier. Je disais plus haut que ce type de film n'avait rien à voir avec la lutte de classes, j'avais tort : la lutte de classes est là, incontournable comme les dommages collatéraux de la guerre moderne. Le regard de Moutout est un regard juste. (...)

    Source http://www.politis.fr/article815.html

    " Petites natures mortes au travail" Editions Verticales, 123 pages, 85 francs.

    Petites natures mortes au travail n'est ni un état des lieux de la précarité aujourd'hui, ni un recueil de fictions psychologiques ou surréalistes: il est tout ça à la fois. A 37 ans, l'auteur, Yves Pagès, a été tour à tour pion, veilleur de nuit, vendeur de glaces, animateur en banlieue rouge, auteur pour une compagnie de théâtre, comédien, magasinier, écrivain en résidence à la Villa Médicis à Rome, éditeur. Dans ces vingt-trois courts récits, les personnages sont pris dans leur rôle social, dans leur rapport à "l'oxygène en liquide" que constitue leur revenu, mais sans jamais se réduire à des stéréotypes.

    Extrait d'ITW Propos recueillis par Mona Chollet et Thomas Lemahieu

    "L'autre jour, sur France-Inter, vous disiez un truc intéressant : que, pour vous, le réel ne s'arrêtait pas à la table, au verre..., mais que le langage en faisait partie intégrante."

    Y.P. : "Oui, bien sûr, sinon je n'écrirais pas de livres, d'ailleurs... Le langage a même un avantage sur les objets. Une table n'est pas porteuse de la mémoire de la table. Tandis que le mot "table"... Un mot a toutes sortes de dimensions, étymologiques, poétiques. Il porte une mémoire, il porte des potentialités. Les mots, c'est du réel; c'est la profondeur du réel. Le fait d'opposer la théorie et la pratique, la parlote et l'action, la parole et l'action musculaire, spectaculaire, c'est la continuation de la divergence de l'âme et du corps, c'est l'équivalent laïc de la métaphysique. Cela relève d'un énorme terrorisme. Pour le coup, c'est une aliénation qui a vraiment marché. Elle a fait d'énormes dégâts, dans la politique, dans les couples... Alors que les linguistes parlent bien d'"actes" de langage! Comme disaient les situationnistes: "Assez d'actes, des paroles!"

    Source http://www.peripheries.net/default.htm


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique